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Les potins de Ionard

"Prometemos resistir" 2

21 Octobre 2016 , Rédigé par Ionard Publié dans #Damien Magnaval Brigadiste

"Prometemos resistir" 2

Article de Denise Brédimus à paraître dans L'ECHO

 "Prometemos resistir"
"Nous promettons de résister", la belle phrase de l'hymne des Républicains espagnols "Ay Carmela" a galvanisé la centaine de participants rassemblés en ce 16 octobre dans la "rue principale" de Gourdon-Murat pour célébrer le 80ème anniversaire de la création des Brigades internationales et rendre hommage à l'un de ses combattants, Damien Magnaval, ce Gourdonnais tombé sur le Front de l'Ebre pour défendre la liberté.
Par cette belle matinée d'automne, le cortège s'est ébranlé jusqu'à la stèle de Damien, précédé de 7 porte-drapeaux, leurs oriflammes ondoyant dans le vent, au rythme d'un chant de la guerre d'Espagne. Beaucoup de personnalités, d'amis avec 28 membres de la famille ont entouré la stèle couverte de fleurs : les conseillers départementaux Christophe Pëtit et Nelly Simandoux, les maires et autres élus de 7 communes, le représentant du Préfet de la Corrèze, de l'ONAC-VG, ceux de la Chambre syndicale des Cochers-chauffeurs, de l'ACER (Amis des Combattants de la République Espagnole), de l'ANACR, de l'ARAC, de l'Ateneo Republicano, du PCF et Paloma Leon, auteur du livre "Damien Magnaval, une voix jamais éteinte".
Le maire de Gourdon-Murat, Jacques Joffre, a remercié l'assistance  et excusé M. le Préfet (représenté par M. Chichereau), le Président du Conseil départemental , M. Bernard Delaunay (ANACR), les maires de Sornac, Veix et Lacelle. Il a évoqué ces 80 années écoulées où il lui semble que rien n'a changé : 1936, début de la mise à mort de la jeune République espagnole issue démocratiquement de la volonté du peuple, par les fascistes sous la houlette du général Franco, appuyés par l'Allemagne nazie et l'Italie mussolinienne. "Levés avant le jour, les Brigades internationales, de l'Espagne à la Résistance", cette exposition, réalisée par l'ONAC-VG et l'ACER, porte bien son nom. Ces hommes et ces femmes avaient compris  avant les autres les dangers qui guettaient les peuples d'Europe. 2016, certains diront, c'est du passé... Nul n'a attaqué la République française les armes à la main, bien que les attentats de Dahech prouvent le contraire. Des faits plus sournois sapent ses fondements : normes européennes, grandes agglomérations inter-régions, désertification des campagnes... Devant la stèle de Damien mort pour la liberté et la République, il  invite à réfléchir sur le danger couru par la République actuelle.  
Mandaté par la Chambre syndicale des Cochers Chauffeurs et par leur mutuelle "La Fraternelle", Karim Asnoun a évoqué la figure exemplaire de Damien (qui fut responsable de son syndicat) "qui perdit la vie le 21 septembre 1938 à l'âge de 33 ans,en luttant contre le fascisme en Espagne". Il a précisé "l'on s'entend dire que ces événements anciens ne devraient plus rythmer notre vie et que résolument nous devrions nous tourner vers l'avenir en oubliant le passé... Mais, qu'avons-nous à gagner à une amnésie qui vise à falsifier l'Histoire, pour tenter d'éteindre toute volonté de résistance et tout espoir d'un monde meilleur parmi les peuples ?... En 1936,  quand ces anonymes ou ces figures de proue ont rejoint les Brigades internationales, ils ont choisi de prendre les armes au péril de leur vie dans l'espoir de construire un monde meilleur...  C'est ce même courage qui permit à d'autres camarades de constituer 8 ans plus tard, dans la clandestinité, le programme du Conseil National de la Résistance qui reprenait cet idéal de justice sociale si cher à Damien. La liste des principales décisions prises il y a 71 ans par le CNR est, aujourd'hui encore, impressionnante... (au plan social, culturel, économique et politique). Toutes ces avancées sont les fondements progressistes de notre société que certains n'hésitent pas à remettre en cause. La loi El Khomri est le dernier avatar et sans doute le plus grave d'une longue série ... Les transgressions qu'elle a occasionnées montrent plus que jamais la pertinence de la commémoration qui nous rassemble aujourd'hui... De même, le traitement inhumain réservé aux nombreux réfugiés qui affluent vers l'Europe, met en évidence certaines des horreurs de la société capitaliste...  La crise actuelle des réfugiés révèle aussi le contraste entre la solidarité des travailleurs et les calculs froids des dirigeants bourgeois, en Europe et au-delà. L'action de Damien se plaçait déjà dans ce contexte où des travailleurs conscients prenaient les armes alors que les gouvernements se drapaient dans la non-intervention, laissant mourir la jeune République espagnole... Nous voulons leur être fidèles en luttant pour un monde toujours plus juste, démocratique et solidaire.
C'est ensuite Demetrio Gonzales pour l'ACER (Amis des Combattants de la République Espagnole), Gérard del Pozo, vice-président de l'Ateneo Republicano de Limoges et Gael Chichereau représentant le préfet de la Corrèze qui sont intervenus. Ce dernier s'est déclaré très honoré de rendre hommage à ce grand personnage corrézien qu'il découvre aujourd'hui. Il a ajouté : "C'est également l'occasion de présenter pour la 1ère fois en Corrèze l'exposition sur les Brigades internationales, réalisée par l'ONAC et l'ACER. Il a remercié la commune de Gourdon-Murat et Mme Marie Sebert de cette belle initiative qu'ils ont portée ensemble. Elle a été inaugurée à Paris l'été dernier dans le prolongement des cérémonies du 70ème anniversaire du second conflit mondial. Son message, c'est celui d'une mémoire ravivée, de ces femmes et ces hommes d'horizons différents qui surent lutter contre un ennemi commun qui incarnait la négation même des valeurs de la République. La France n'a pas su toujours reconnaître leur engagement... La guerre d'Espagne préfigurait la montée des fascismes en Europe. Elle fut terrible et donna lieu à des actes de barbarie d'une violence et d'une brutalité sans nom. En face, alors que les démocraties ne prirent que très tard la mesure du péril, des femmes et des hommes de toutes confessions, croyances et origines (socialistes, radicaux, libertaires, anarchistes, communistes) se sont levés pour prendre les armes. Parmi ces défenseurs figure Damien. Ils avaient tous en commun de défendre les valeurs universelles. Elles se retrouveront plus tard dans la Résistance. Nombre des combattants républicains de la guerre d'Espagne continuèrent en effet le combat en France. Certains d'entre eux qui échappèrent à la police de Vichy et de l'envahisseur s'installèrent en France définitivement après la guerre.
Il aura fallu attendre 1996 avec le président Chirac pour que soit enfin reconnu le titre d'ancien combattant à tous les Français ayant pris part à des combats aux côtés de l'armée républicaine espagnole... Il ne faut pas oublier que c'est sur le sol français que furent enfermés nombre de brigadistes dans les camps d'internement ou de travailleurs étrangers, les GTE, à la fin de la guerre d'Espagne. En Corrèze, il y eut ainsi, entre 1940 et 1944, 9 de ces GTE. Je concluerai simplement que la colonne "NUEVE" (très majoritairement composée de Républicains espagnols) fut la 1ère à entrer dans Paris en 1944 pour la libérer. Que ces quelques faits nous permettent de retrouver cette mémoire trop longtemps et trop injustement oubliée".
Cette belle cérémonie a été placée sous le signe de la jeunesse, comme pour dire la relève, avec l'interprétation du "Chant de l'Ebre"  (le grand fleuve espagnol El Ebro, où Damien a disparu à jamais) par Raùl, Diégo et Oriol, ses 3 arrières petits neveux. Juste avant ce chant, Léa, arrière petite nièce, a lu de sa voix claire une page du livre de Paloma Leon, "Damien Magnaval, une voix jamais éteinte". Un autre grand moment a été la présentation par Marie Sebert (directrice de l'ONAC-VG de la Corrèze) de la belle exposition "Levés avant le jour : les Brigades internationales, de l'Espagne à la Résistance". Elle est visible à Gourdon-Murat jusqu'au 23 octobre, de 14 à 17 heures. Le verre de l'amitié a été levé bien haut ce matin-là, avec sangria et bourru accompagnés de tortillas et tourtous! N.B. : à voir sur ARTE le 25 octobre à 20h50 "La tragédie des Brigades internationales".

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D
Désolée, je n'ai pas lu, mais je te fais le bisou et te souhaite un bon weekend
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M
Article très bien écrit qui me permet de mieux comprendre ce moment de l'histoire. Je ne savais pas que Chirac avait donné le statut d'anciens combattants aux français engagés dans l'armée républicaine espagnole. Ce n'est pas normal qu'il aient dû attendre aussi longtemps cette reconnaissance. Ce que je n'ai pas compris c'est le rapport avec la loi EL KHOMRI qui, dans sa version finale, est à mes yeux une loi nécessaire. <br /> A partir d'aujourd'hui je fais une pause de 10 jours pour cause vacances scolaires (j'aurais mes petites filles). Mon PC sera fermé mais je pourrais lire tes article sur mon téléphone portable le matin mais trop long à commenter. Des articles sont programmés sur mes blogs. Beau week-end.
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