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Les potins de Ionard

Charles Lachaud avocat à la Cour d'Appel de Paris

6 Mai 2009 , Rédigé par Ionard Publié dans #Echos de Liberté

Dernier volet sur l'histoire de cet illustre Treignacois , avocat à la Cour,
Charles Lachaud

Extrait de "L'histoire générale De Treignac-sur-Vézère" de Jean Vinatier



Jules Vallès, journaliste et socialiste fondateur du 'Cri du peuple" dit de lui
-" Ses coups de main sur la barre, ses coups de poing sur la poitrine, ses coups de gueule au grand moment, défonçaient les préventions hostiles, bousculaient la culpabilité dans la tête des bourgeois, tout contents de ce qu'on se démenait pour les convaincre."
Marc Sangnier, son petit fils qui hérita de l'éloquence de son grand père, a souligné, à Treignac, lors de l'inauguration de sa statue, un trait particulier, peut-être le plus important:
"Il y a une voix que nous n'avons pas entendue..... c'est celle de tous ceux que Lachaud a soutenus, a défendus contre les autres et contre eux-mêmes; c'est la grande voix de tous ceux que le monde condamne ou méprise, de ceux qu'il a aimés.
" Lachaud avait compris que nul ici-bas n'est coupable à jamais, qu'il n'y a pas de crime sans rédemption; et quand il rencontrait un misérable, objet de mépris pour tous, il trouvait dans sa conscience d'honnête homme, assez de vertu pour lui en prêter un peu et l'en recouvrir comme d'un manteau royal....bon envers tout le monde, il mesurait le secours à la détresse et le pardon à la faute."

Il y eut des grands procés ..... mais aussi
En 1869, il arpentait les couloirs du Palais, selon son habitude, lorsqu'il aperçut, effondrée sur un banc, une paysanne en pleurs.
 "- Qu'est ce que vous faites ici? Pourquoi n'êtes vous pas dans votre village?
  - C'est que je cherche un avocat!
  - Eh! bien prenez-en un!
  - C'est que je ne connais personne et pendant ce temps mon adversaire est en train de plaider contre moi.
  - Où ça?
  - Là - dedans M. l'avocat.
Rapidement Lachaud se fait expliquer l'objet du litige. Il s'agissait d'un mur mitoyen qui s'était écroulé. En quelques minutes l'avocat a réfléchi. Il entraîne la femme qui tient en main une lettre cachetée. Il prend la lettre et au grand ébahissement des juges et de l'assistance, il entre dans la salle et se présente comme le défenseur. Tout le monde le reconnaît et fait silence.
" J'ai là dit Lachaud une lettre de la plus haute importance. Permettez moi de vous en donner connaissance... et à moi aussi." A ce trait, tout le monde sourit , on l'écoute. En trois minutes il résume l'affaire. En trois autres minutes il réduit l'accusation à néant. Quelques instants après la paysanne est acquittée. Lachaud la reconduit jusqu'à la porte et refuse toute gratification. " Allez, vous n'avez plus rien à faire ici. Retournez à votre campagne."

Une anecdote nous rappelle que sur les murs d'une prison, un criminel avait inscrit ces mots:" Niez toujours et prenez Lachaud pour avocat."

Une autre fois, une mère sans fortune vient remercier Lachaud en lui offrant une paire de chaussettes bien chaudes qu'elle avait tricotées elle-même. L'avocat reçut cet honoraire si" humble" avec de vifs remerciements.

En 1867, l'avocat sautant un jour d'un omnibus en marche s'était blessé à la jambe. Les médecins qui le soignaient diagnostiquèrent alors du diabète. Avec sa bonne humeur habituelle , il suivit le régime sévère qu'on lui indiqua et sa santé se maintint à peu près en équilibre jusqu'en 1881. Cette année-là les malaises s'aggravèrent. Il accepta, l'année suivante de venir se reposer à Treignac. Le voyage fut pénible. A Eymoutiers il pleuvait à torrents. Son fils Georges conduisait la voiture, il fallut quatre heures pour gagner la maison natale.
Rentré à Paris le 6 octobre, il s'affaiblit alors rapidement..... le samedi 9 décembre, Lachaud demanda qu'on le porte dans son cabinet de travail. C'est là qu'il expira.
Le 13 décembre 1882, alors que par une curieuse coïncidence on enterrait également le socialiste Louis Blanc, une foule de 4000 personnes suivit silencieusement son cercueil. Suivant sa volonté, pas un mot ne fut prononcé sur la tombe de ce maître de la parole.
Il repose au cimetière Montparnasse.
Peu après sa mort, la municipalité de Treignac donnait son nom à la place située devant sa maison natale.
Une plaque, sur l'un des piliers de la grille d'entrée rappelle sa naissance.
Quinze ans plus tard, les nombreux amis et admirateurs de l'avocat décidèrent de lui élever un monument digne de lui. Paris et la Corrèze, sans oublier Bazas, s'associèrent pour cet hommage communs, aux efforts de Treignac. La plus belle place - celle de la République - fut choisie pour installer la statue.
Le 8 août 1897, jour d'inauguration de la statue, fut une des fêtes les plus mémorables que vécut jamais la cité.
L'oeuvre du sculpteur Allouard fut saluée par des applaudissements admiratifs. Lachaud revivait dand le bronze, tel que son pays l'avait connu et aimé.
Cette statue disparut pendant la seconde guerre mondiale (le bronze étant très recherché par l'armée allemande) et fut remplacée par une autre en pierre qui a, c'est sûr, moins d'allure.


Celle en bronze se trouve au musée de Treignac.

**Marc Sangnier, né le 3 avril 1873 à Paris et mort le 28 mai 1950 à Paris, est un journaliste et homme politique français. Il occupe une place importante dans le mouvement de l'éducation populaire à travers les revues et mouvements qu'il a animés. Il est le pionnier du mouvement des Auberges de Jeunesse en France (1929).

Maison de Marc Sangnier

Vous pensiez que j'en avais fini avec Charles?
Et bien non!
Pour ceux qui oseront revenir, il y aura une douceur!
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M
Emouvante anecdote et un "personnage" ce Lachaud!  Maedes
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M
Eglantine ira voir la douceur...... Une très belle histoire, un roman presque que la vie de ce grand avocat qui avait du talent mais beaucoup de coeur. Merci de nous l'avoir fait connaître.Bises
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N
Ce Monsieur Charles lachaud devait être beaucoup aimés des gens humbles qu'il défendait avec tant de ferveur, sans rien demander d'autre que la jusice.Il a bien mérité sa statue de bronze dans le village, même si aujourd'hui elle est en pierre.J'aime beaucoup ton récit Dany, c'est trés instructif!Bisosu à vous deux. ,nadine.
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A
mais c'est tout beau tes commentaires ! ! !sais tu que depuis des jours je te lis et je me disais Treignac . . .Treignac ça me dit quelque chose, je ne situais pas treignac à cet endroit et puis aujourd'hui je me rends compte que, nulle que je suis , c'était Tarnac dont j'avais entendu parler , comme tout le monde suis désolée gros bisous
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E
jolie anecdote que celel qui finis par retourne à ta campagne, c'est souvent notre souhait le plus cher, n'est ce pas douce Ionard...fini la région parisienne?
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